Par Ève Constantin, Reporter Audacieux 2018-19, le 22 octobre 2018.
L'ENTITÉ DU DOUBLE présente deux bêtes de scène nées au pluriel. C’est un moment très intime qu’Élodie et Sévérine nous font vivre. Dans la quête de leur identité, le double est inévitable. Avec brio et clarté, les jumelles Schmutt se livrent à des jeux mêlant réalité et fiction.
Le mouvement dansé voyage entre la bestialité, la mise en danger et la confusion. L’utilisation du temps est très variée et complète. Leurs corps fluctuent sous la contraction de leurs membres, en tension ou en résistance. La forme et les parties du corps que les sœurs utilisent créent des images marquantes et uniques. Bref, je suis restée sur ma faim. J’ai tellement aimé leur proposition que je les aurai multipliées et creusées davantage. Sachant que la porte d’entrée de leur création n’était pas le mouvement, mais bien leur gémellité, je comprends alors ce choix.
L’interrelation entre les jumelles était claire. D’ailleurs, je me demandais comment elle allait pouvoir se lier au musicien sur scène [Guido Del Fabbro]. Finalement, le rapport fut réussi. Ils formaient maintenant un triolet composant ensemble l’ambiance sonore complètement absorbante. La participation encouragée du public m’a fait sourire. Une pièce personnalisée et pimentée par tous les individus dans la petite salle choisie à cet effet, m’a vraiment donnée l’impression d’être dans une grande famille. C’était un sentiment à la fois confrontant et réconfortant. L’interaction avec les objets sur scène et dans la salle était nombreuse, mais permettait de faire de nombreux liens entre la quête identitaire, l’intimité et les souvenirs réanimés.
Les choix audacieux des prises de paroles transformant radicalement l’ambiance se sont emparés de moi jusque dans les tripes. Les poils sur mes bras se raidissaient tandis que les transitions habiles de lumières venaient texturiser l’image créée. Ce fut un moment intime très satisfaisant.
À propos de l'auteur : Eve Constantin
Amoureuse de l’expression artistique sous toutes ses formes, Ève Constantin a choisi de s’investir plus sérieusement dans la danse.  Elle cultive cette passion depuis l’âge de 7 ans, mais c’est en s’inscrivant au DEC en danse au Cégep Montmorency qu’elle entreprend sa démarche professionnelle. Aujourd’hui étudiante dans un B.F.A in contemporary dance à l’Université Concordia de Montréal, elle se nourrit de toutes les expériences reliées au mouvement corporel, là où s’exercent son œil artistique et sa créativité. Cette jeune femme audacieuse, aussi formée comme tutrice de la langue française,  complète également son parcours avec une formation qui lui permettra de lier l’art et la thérapie. Avide de connaissances, impatiente d’élargir ses horizons, Ève pourra assouvir sa faim grâce à cette opportunité qu’est Reporters Audacieux.