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  • Photo du rédacteurReporters Audacieux 18-19

les études (hérésies 1-7) : Comprendre l'escargot géant

Par Léa Villalba. Reporters Audacieux 2018-19. Le 09 mars 2019


L'artiste Antonija Livingstone dans les études (hérésies 1-7) © Géraldine Perrier-Doron

Résultat de la collaboration entre la chorégraphe Antonija Livingstone et la scénographe Nadia Lauro, les études – (hérésies 1 – 7) plongent le spectateur dans une création méditative très visuelle et sensuelle.


Il y a plusieurs semaines, j’ai vu passer un appel à participation pour un workshop s’intitulant SNAIL SEX. Je savais que cet atelier avait un rapport avec le spectacle d’hier soir, les études (hérésies 1-7), alors je m’attendais déjà à quelque chose de plutôt … escargueste ! (Eh oui, j’ai décidé d’inventer des mots pour mon dernier article pour Danse-Cité !)


S’il a deux choses que je retiens de ce spectacle, c’est sa valeur symbolique et son côté très esthétique. Dans la lenteur, les images, presque photographiques, s’imprègnent dans l’esprit. Espace d’un bleu turquoise ravissant, corps vêtus de jeans, spots lumineux portés par des sirènes, coquillages au sol, escargot géant en avant-plan et larges feuilles métalliques mouvantes. Dans un effet constant de lumière qui oscille entre le jour et la nuit, plusieurs heures semblent se dérouler sous nos yeux avec des sonorités allant de la pluie à l’orage en passant par du silence.


Dès les premiers moments de la pièce, les artistes quadrillent la surface scénique et jouent avec les immenses livres argentés. Petit à petit, des lignes se dessinent au rythme de leurs pas tranquilles, toujours à reculons, tenant fièrement ses feuilles miroir à bout de bras.


Dans une seconde partie, les êtres se rapprochent, se regardent et commencent une sorte de rituel en duo. L’un dépose délicatement sa tête sur les cuisses de l’autre qui entame un massage détaillé et approfondi de son oreille. Sensualité du toucher au bruit du diapason, le moment agréable devient méditatif, chacun échangeant de rôle dans la douceur et la complicité. Les coquillages aussi caressent l’oreille ainsi que l’escargot géant, nommé Winnipeg Monbijou, qui vient baver dans le creux de l’organe de l’audition.


Lasciveté et douceur se transmettent plus tard dans une union non pas des corps, mais des cheveux. Tels des escargots, les interprètes semblent reconstituer le rituel de reproduction de l’animal (oui, vous allez devoir chercher des vidéos sur Internet… c’est très… impressionnant!). Toucher, sentir, prendre du temps et s’apprivoiser, dans une temporalité élastique qui parait infinie.


Enfin, dans un débat final pour savoir quel escargot portera le sexe féminin et donc le bébé (l’animal étant hermaphrodite), les artistes livrent force et vigueur dans une gestuelle répétitive et épuisante qui s’effacera peu à peu pour laisser place à leur état premier, dans une tranquillité et une quiétude.


Malgré quelques éléments qui auraient pu être poussés plus en profondeur, comme l’individu au font qui tresse ses roseaux ou les sirènes qui ne servent finalement que de décor, les études (hérésies 1 – 7) incarnent une création contemplative intéressante où l’expérience corporelle est mise en lumière par une recherche toute en délicatesse et en sensualité.


 

À propos de l'auteur : Léa Villalba

De sang espagnol et originaire du sud des Landes, c’est à l’été 2015 que Léa arrive à Montréal, ville captivante par son dynamisme et sa richesse culturelle. Diplômée en France dans plusieurs domaines dont la Science Politique, la Sociologie et les Arts du spectacle et danseuse depuis la plus tendre enfance, c’est à l’automne 2016 qu’elle intègre la Maitrise en Danse à l’UQAM au sein de laquelle elle entame une recherche sur la danse hip-hop à Montréal. Passionnée d’écriture depuis toujours, elle collabore depuis l'hiver 2017 à divers magazines web (Artichaut, l'Outarde Libérée, La Bible Urbaine, Sors-tu.ca, Les Méconnus) afin d’apporter davantage de visibilité à la danse et d’aiguiser son œil critique.

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