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Comment? Comment? Comment? Comment? Comment? : Une entrevue avec Ilya Krouglikov, regard extérieur

Par Ève Constantin, Reporter Audacieux 2018-19, le 14 février 2019

Ilya Krouglikov-El silencio de las cosas presentes © David Wong

Eve : Comment votre expérience d’escrime influence-t-elle d’abord votre mouvement quand vous dansez et puis votre pensée quand vous regardez la danse ?

Ilya : D’abord, moi je suis formé en théâtre, pas en danse. Ma passion pour la conception et la mise en scène m’ont donc dirigé vers la composition en danse. Cependant, comme mes seules expériences en danse se résumaient à des ateliers de butoh que j’avais pris vers la mi-vingtaine, l’escrime a été ma principale référence pour atteindre mon objectif. En plus de nourrir ma compréhension du corps, ce sport de combat a aussi forgé mon raisonnement psychologique en se basant sur la notion du jeu. Je transpose donc le jeu dans ma pratique en danse, en établissant des stratégies et des moyens de déjouer l’adversaire. Le spectacle est un duel avec le spectateur qui a comme objectif de le toucher.


E. : Comment donnez-vous des commentaires en tant qu’œil extérieur et assistant à la dramaturgie ? Quelles sont vos stratégies ?

J’ai deux types de stratégies : émettre des observations directes et soumettre des suggestions en considérant mes expériences et mes connaissances. Puis, j’ai deux manières d’intervenir : en tête-à-tête avec le chorégraphe ou avec toute l’équipe (ex. : note concernant les lumières). Les répétitions ouvertes, où l’on invite une dizaine de personnes qui n’ont jamais vu les répétitions, sont également très importantes pour cueillir des avis frais et objectifs et même parfois pour aider à remarquer des éléments subtils, mais importants.


E. : Comment faites-vous pour être objectif dans le processus, puisque vous connaissez bien Eduardo ?

Déjà, je suis mieux qu’Eduardo. Cependant, je ne peux pas regarder les répétitions sans faire fi de ce qui a été travaillé. La seule solution, à laquelle j’adhère, c’est de ne pas venir trop souvent aux répétitions. Cette technique me permet de rester un peu plus détaché du travail, d’avoir un regard plus frais.


E. : Comment s’est déroulée cette seconde collaboration avec Eduardo ? Qu’est qui était différent cette fois-ci ?

I.: C’était très différent, car nous n’avions pas les mêmes rôles. En 2014, nous étions plutôt à parts égales, tous les deux on était sur scène et on devait prendre des décisions, malgré nos expertises très différentes. Aussi, on ne se connaissait pas. Cette aventure était comme une relation de couple, car on passait beaucoup de temps ensemble et on gérait des problèmes d’horaires, de ménage, etc. De plus, Eduardo était arrivé depuis 2 ans seulement au Québec, alors il a dû s’ajuster. Aujourd’hui, en 2019, ça fait 4 ans qu’on se connaît. J’ai donc pu anticiper ce qui allait lui plaire et éviter des conflits. De se connaître a aussi aidé à être plus efficace, à aller dans la bonne direction plus rapidement, à s’entraider et à être à l’aise l’un envers l’autre. On se fait confiance mutuellement et donc mon aide est plus directe, moins censurée. Je n’ai plus besoin de faire mes preuves, toutefois, je fais attention à dire les bonnes choses au bon moment.


E. : Comment avez-vous atteint votre objectif (si tel est le cas) de, je cite, « brouiller le réel et la fiction » dans El Silencio de Las Cosas ?

I.: Dans cette proposition, je n’avais pas besoin de l’atteindre, elle était déjà là. C’était déjà un univers qui n’était pas une réalité. Il n’y avait pas nécessairement une ambiguïté à aller chercher dans ce domaine, car Eduardo aussi recherche cette esthétique. Nous voulons tous deux que le spectateur ait de la place pour compléter son image, voire sa vision de la représentation, selon ses références personnelles.


El silencio de las cosas presentes. Conception Eduardo Ruiz Vergara. Une production de Danse-Cité, en collaboration avec Eduardo Ruiz Vergara. Avec le soutien financier du Conseil des arts et des lettres du Québec. El silencio de las cosas presentes a été présenté du 16 au 26 janvier 2019 (8 représentations) à La Chapelle - Scènes Contemporaines, dans le cadre du volet « Traces-Chorégraphes » de Danse-Cité.



 

À propos de l'auteur : Eve Constantin


Amoureuse de l’expression artistique sous toutes ses formes, Ève Constantin a choisi de s’investir plus sérieusement dans la danse.  Elle cultive cette passion depuis l’âge de 7 ans, mais c’est en s’inscrivant au DEC en danse au Cégep Montmorency qu’elle entreprend sa démarche professionnelle. Aujourd’hui étudiante dans un B.F.A in contemporary dance à l’Université Concordia de Montréal, elle se nourrit de toutes les expériences reliées au mouvement corporel, là où s’exercent son œil artistique et sa créativité. Cette jeune femme audacieuse, aussi formée comme tutrice de la langue française,  complète également son parcours avec une formation qui lui permettra de lier l’art et la thérapie. Avide de connaissances, impatiente d’élargir ses horizons, Ève pourra assouvir sa faim grâce à cette opportunité qu’est Reporters Audacieux.

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