Par Léa Villalba, Reporter Audacieux 2018-19, le 6 octobre 2018.
À la veille de la première de L’Entité du double des Sœurs Schmutt, nous avons rencontré en cette journée grise et pluvieuse, la douce collaboratrice à la création et dramaturge Sophie Corriveau pour parler un peu de la pièce.
Un projet inspirant pour une artiste complète
Danseuse depuis sa plus tendre enfance, Sophie Corriveau a toujours su qu’elle voulait être artiste. Après une formation en ballet, elle poursuit son rêve d’adolescente en se lançant dans la danse contemporaine.
« Paul André Fortier était venu faire une pièce et je me suis dit « c’est ça que j’aime !»
Parallèlement à son travail d’enseignante auprès de professionnels et d’étudiants, Sophie Corriveau évolue aussi dans le monde de la création où elle a pu porter différentes casquettes : répétitrice, chorégraphe, collaboratrice et performeuse, dramaturge…
Pour la pièce des Sœurs Schmutt, qu’elle préfère nommer Élodie et Séverine, elle endosse le rôle de collaboratrice à la création et dramaturge, même si elle n’aime pas forcément les mettre en mots. « C’est dur de nommer vraiment les choses. Quand on nomme les choses, on les met dans des petites cases. Chaque situation amène un rôle selon les besoins et les personnes impliquées. C’est toujours quelque chose qui se transforme, qui est différent d’une fois à l’autre ».
Et à ce moment de sa carrière, le projet L’ Entité du double tombait bien, car il allait dans le sens de la réflexion de l’artiste à savoir chercher à aller toujours plus loin, à trouver autre chose que la création formelle d’une pièce de danse contemporaine.
« Plus je vieillis, plus j’aime m’ouvrir à d’autres choses. La transformation des pratiques de la danse, ça m’intéresse énormément. Comment faire les choses d’une autre manière que celles qui ont toujours été ? »
Le processus de création : plonger en profondeur
Pour Sophie Corriveau, le projet des deux sœurs va bien plus loin qu’une simple création. En effet, les deux artistes ont décidé de traiter de la gémellité, chose qu’elles partagent évidemment au quotidien, mais aussi dans leur vie professionnelle. Elles ont voulu aller profondément dans l’exploration et sortir de leur zone de confort, en touchant à des sujets sensibles et très intimes.
« Ce show est très important pour elles. Il vient toucher des choses très profondes, côté personnel et individuel, en tant que jumelle, en tant qu’individu, mais aussi dans leur création».
Pour aller plonger au cœur de cet abime d’authenticité, elles ont fait appel à Peter James, Catherine Gaudet et Sophie Corriveau afin de leur soumettre le matériel travaillé, mais aussi, et surtout, de leur en permettre la modification. « Elles ont eu envie de changer leur façon de créer et peut-être de se faire bousculer là-dedans ».
C’est après cette étape qu’ elles ont décidé de poursuivre la collaboration avec Sophie, qui voulait continuer à creuser les deux artistes.
« Je les ai prévenues et je leur ai dit 'je ne veux pas être là pour vous conforter dans ce que vous avez déjà fait, mais pour continuer cette transformation'. Pour moi c’était super important. »
Excitée par ce défi, la dramaturge et collaboratrice, tout au long du processus, a ouvert des nouvelles voies pour les deux femmes, a proposé, a discuté avec elles, les a accompagnées et les a aussi poussées à aller toujours plus loin.
« Il s’agit toujours d’un dialogue même si c’est leur univers. Elles ont des choses à dire par rapport à ça et moi je suis là pour encadrer le tout et les pousser. « Tu veux dire ça ? Alors, dis-le. Ne le dis pas à moitié » » raconte Sophie.
Pourquoi aller voir cette pièce ?
Ça y est, le moment de création est terminé. Vient ensuite celui du passage sur scène. Au moment où on parle à Sophie, les deux artistes sont prêtes à entrer sur scène et se dévoiler aux yeux du public.
« Là elles sont interprètes maintenant. Le rôle d’interprète, c’est de dépasser ses limites ou d’ouvrir des portes. Être artiste, ça veut dire plonger, ça veut dire se mettre en état de vertige. Là, on est là-dedans » explique Sophie, tout sourire.
Pour elle, il s’agit d’une pièce majeure pour le duo des Sœurs Schmutt, une pièce vraiment différente de ce qu’elles ont toujours fait.
« Pour ceux qui connaissent Élodie et Séverine et leur travail, il faut venir les voir parce qu’elles sont dans une transformation. Elles sont dans une prise de risque par rapport à elles-mêmes ». De plus, cette pièce se veut être une réelle prise de conscience, un moment où le public doit apprendre sur l’humain et ce qu’il entoure.
« Comment parler de l’être humain prit dans une situation avec les beaux côtés et les moins beaux ? C’est comme une espèce de prise de paroles et de paysages en même temps. C’est un show pour comprendre des choses sur l’être, en tout cas sur la façon dont elles vont nous faire comprendre. C’est un vrai partage ».
Enfin, la collaboratrice et dramaturge nous livre que la pièce sera faite de moments plutôt ludiques et sympathiques (car c’est un aspect inhérent à la personnalité des deux femmes), mais que la noirceur et les moment s presque perturbants seront aussi de la partie.
« Elles passent à travers toute sorte de choses, presque dérangeantes. Elles sont fortes et vulnérables à la fois. Ce parallèle entre les deux est une belle tension, une belle friction ».
Les Sœurs Schmutt vont donc nous livrer un show où réalité et fiction se mélangent, une création de longue date qui importe tant pour elles que pour leur public. On a hâte de rentrer dans intimité tiraillée qui risque de ne pas nous laisser indifférents.
À propos de l'auteur : Léa Villalba
De sang espagnol et originaire du sud des Landes, c’est à l’été 2015 que Léa arrive à Montréal, ville captivante par son dynamisme et sa richesse culturelle. Diplômée en France dans plusieurs domaines dont la Science Politique, la Sociologie et les Arts du spectacle et danseuse depuis la plus tendre enfance, c’est à l’automne 2016 qu’elle intègre la Maitrise en Danse à l’UQAM au sein de laquelle elle entame une recherche sur la danse hip-hop à Montréal. Passionnée d’écriture depuis toujours, elle collabore depuis l'hiver 2017 à divers magazines web (Artichaut, l'Outarde Libérée, La Bible Urbaine, Sors-tu.ca, Les Méconnus) afin d’apporter davantage de visibilité à la danse et d’aiguiser son œil critique.
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