Par Élizabeth Mageren. Reporters Audacieux 2018-19, le 18 janvier 2019
« Parfois dans les rêves, on entend des mots. Parfois, seulement, on se souvient des images. Et peu importe l’ordre des images, il y a une organicité dans les rêves. »
Sur une bande sonore de techniciens de scène en montage, Eduardo me parle de ses inspirations liées à son prochain spectacle avec une sérénité et un recul impressionnants. À moins d’une semaine de la première, il parait confiant et discute sans presse, semblant posséder tout le temps du monde.
Eduardo Ruiz Vergada, chorégraphe et interprète de métier, aime dire qu’il a appris à danser avant de marcher. Originaire de la Colombie, il grandit dans une communauté au sein de laquelle la danse occupe une place extrêmement importante. Il apprend donc à danser dans les bras de sa mère, dans ceux de son oncle, de ses cousins… puis à douze ans, il joint une troupe de danse traditionnelle colombienne. Plus tard, il complète un bac en danse contemporaine à l’ASAB et une maitrise en étude des arts avant d’entrer dans le monde professionnel où il lance sa compagnie, avec laquelle il produit plusieurs créations. C’est en 2012 qu’il emménage à Montréal pour poursuivre des études universitaires plus poussées à l’Université du Québec À Montréal.
El silencio de las cosas presentes porte sur les perceptions haptiques. Dans une structure dramaturgique qui s’apparente à celle d’un rêve, Eduardo Ruiz Vergara, accompagné de Marie Mougeolle et de Sophie Levasseur, explore le toucher et le geste. Après avoir débuté son processus de création par un laboratoire visant à creuser la relation des interprètes avec la douleur et le toucher, le travail consiste, alors, à traduire ces explorations vers la danse. Comment transformer une telle expérience sensorielle en une série de mouvements chorégraphiés ou du moins, dansés? C’est dans ce sens que le chorégraphe colombien et son équipe se dirigent.
Définissant son spectacle comme une expérience performative de longue durée, Eduardo espère établir un lien avec son public tout poussant les limites de celui-ci. Avec l’aide des éclairages de Lee Anholt et de la musique de Nathan Giroux et Gabriel Vignola, le créateur souhaite tester ses spectateurs en faisant travailler leurs cerveaux différemment, leur permettant tout de même de circuler comme bon leur semble tout au long de la représentation. Son objectif est d’accueillir le public et de le garder actif, vivant.
Avec El silencio de las cosas presentes, Eduardo Ruiz Vergara espère que vous vivrez une expérience nouvelle et que vous découvrirez, peut-être, des sensations et des facettes de vous-mêmes que vous ne connaissiez pas…
À propos de l'auteur : Élizabeth Mageren
Elizabeth Mageren baigne dans la danse et le théâtre depuis l’enfance. Elle termine son secondaire en art dramatique à Robert-Gravel en 2017, puis entame son DEC en cinéma au Cégep de Saint-Laurent. À l’adolescence, elle est membre d’une troupe de danse contemporaine et, en mars 2018, elle fait partie de la distribution de La déesse des mouches à feu au Théâtre de Quat’sous, ce qui confirme son amour des arts vivants et la pousse à vouloir aller plus loin dans sa démarche artistique. Au sein de Reporters Audacieux, Elizabeth souhaite apporter un nouveau regard à la danse contemporaine et peut-être faire naître un intérêt pour l’art local chez les jeunes adultes de son âge.
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