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Danse-Cité : « souplesse, créativité, longévité »

Dernière mise à jour : 4 oct. 2018

Par Léa Villalba, Reporter Audacieux 2018-19, le 28 septembre 2018.


Élodie Lombardo dans L'ENTITÉ DU DOUBLE © Vanessa Fortin

37 années après sa création, Danse-Cité revient cette saison avec une programmation éclectique et passionnante. Pour l’occasion, nous avons pu rencontrer son fondateur et interprète mythique de la scène québécoise, Daniel Soulières, pour une entrevue sur son parcours professionnel et sa vision de Danse-cité, après tant d’années.


Regard d’un pionnier

Daniel Soulières se met à la danse tardivement. Après un baccalauréat en psychologie, il décide de prendre une année sabbatique afin de s’essayer dans cet art du corps et du mouvement.

« À côté des cours de psycho, je prenais des cours de danse le soir parce que ça me faisait découvrir mon corps. Je n’étais pas du tout sportif étant jeune. Avec la danse, je pouvais travailler mon corps de façon très personnelle et découvrir que l’être n’est pas juste une tête, mais aussi un corps ».

Et cet « essai » est très gagnant. En effet, le jeune homme, du haut de ses 27 ans, continue à découvrir une implication physique et émotionnelle qui le passionne. En plus, « tout était à faire en danse à Montréal dans les années 1970 ».

Formé auprès de la compagnie Nouvelle Aire, il devient alors interprète pour des grands noms comme Édouard Lock ou encore Jean Pierre Perrault et multiplie les expériences auprès d’une cinquantaine de chorégraphes. « J’ai dansé toutes les œuvres de Jean Pierre Perrault, de 1978 à 2004. J’ai vieilli dans la démarche de Jean-Pierre Perreault. »

Influencé par des figures du refus global comme Françoise Riopelle, Françoise Sullivan et Jeanne Renaud, Daniel épouse leurs visions, leurs façons de faire et leurs valeurs.

« Elles m’ont inculqué des valeurs des années 40. Il fallait exiger cette entière liberté que le geste créateur doit avoir, arrêter d’être aux prises avec la politique et surtout la religion. Cette liberté exigée par les artistes du temps est une qualité aussi importante en 2018 qu’elle l’était en 48, en 70 ».

C’est à ce moment-là que la danse contemporaine commence à se dessiner au Québec. Avec Monique Giard, Daniel crée alors une pièce qui a été un véritable tournant dans sa carrière : 13 chorégraphes pour deux danseurs. « On avait demandé à 13 chorégraphes de Montréal de nous faire un duo. Et ça faisait pas mal le tour de ce qui existait à cette époque-là. Et ce spectacle, on l’a fait pendant un mois de temps dans une petite salle de 100 places. Ça a été un succès ! »

Cette réussite indique pour lui le temps de changer de vision pour la danse, un moment idéal pour changer les façons de faire. Et c’est dans ce sens qu’il a construit Danse-Cité.

« J’ai voulu une compagnie très souple. Il faut savoir s’adapter à l’artiste et à ses choix. Pour moi ce qui est important, c’est de faire accoucher ces créateurs-là de leurs idées ».


Danse-Cité : berceau de créations

Une des choses importantes pour Daniel, dès les débuts de Danse-Cité, c’est le passage sur scène. C’est un moment précieux où la création continue à se développer, à se raffiner et il estime que ce passage est indispensable pour tout artiste. Et c’est dans ce sens que Danse-Cité accompagne chaque artiste des prémisses de la création jusqu’au passage sur scène, constitué de 6 à 8 représentations, une singularité forte dans un milieu qui propose généralement 3 à 4 représentations.

« Le temps de création est stimulant en studio sans public, mais pour moi, il est important de danser devant public et le plus possible. »

Danser, oui, mais danser quoi ? Quand on demande à Daniel ce qui définit la danse contemporaine, il nous parle d’un mot « fourre-tout » qui a perdu tout son sens. Pourtant, le directeur artistique a une façon bien à lui d’expliquer comment il considère la danse contemporaine.

« Personnellement, c’est la danse d’auteur qui m’intéresse. Ça prend une personne qui réfléchit, qui a incorporé et qui redonne une vision personnelle de sa recherche. Que ce soit en danse africaine ou en hip-hop, en mouvements inventés ou autres, c’est une relecture personnelle. C’est surtout le mouvement qui doit refléter l’intériorité ».

Et pour la saison 2018-2019, encore une fois, Daniel a fait des choix audacieux et originaux. « Mes choix sont éclectiques, comme furent mes choix en tant qu’interprète. Je n’ai jamais voulu attribuer qu’un type de danse et de vision à Danse-Cité ».

Il souhaite encore une fois montrer que la danse est multifacette, qu’elle est autant dans le corps comme nous le prouvera le jeune acrobate Émile Pineault avec son solo Normal Desires, que dans la sensation avec Edouardo Ruiz Vergara et sa pièce qui traite du partage polysensoriel El silencio de las cosas presentes. Pour cette saison, la danse se retrouvera aussi dans l’extrême lenteur et la multidisciplinarité avec Antonija Livingstone & Nadia Laura avec les études (hérésies 1-7) ou encore dans des mécanismes à la fois théâtraux et intimes avec Élodie et Séverine Lombardo (Sœurs Schmutt), premières à ouvrir le bal de créativité de Danse-Cité.


 

À propos de l'auteur : Léa Villalba

De sang espagnol et originaire du sud des Landes, c’est à l’été 2015 que Léa arrive à Montréal, ville captivante par son dynamisme et sa richesse culturelle. Diplômée en France dans plusieurs domaines dont la Science Politique, la Sociologie et les Arts du spectacle et danseuse depuis la plus tendre enfance, c’est à l’automne 2016 qu’elle intègre la Maitrise en Danse à l’UQAM au sein de laquelle elle entame une recherche sur la danse hip-hop à Montréal. Passionnée d’écriture depuis toujours, elle collabore depuis l'hiver 2017 à divers magazines web (Artichaut, l'Outarde Libérée, La Bible Urbaine, Sors-tu.ca, Les Méconnus) afin d’apporter davantage de visibilité à la danse et d’aiguiser son œil critique.

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